Jim Morisson (8 décembre 1943, Melbourne, Floride – 3 juillet 1971, Paris)
James Douglas Morrison, plus connu sous son surnom « Jim » ou plus tard « Lizard King », est un poète et chanteur de rock américain, leader du groupe The Doors de 1965 à 1971.
Sex-symbol provocant au comportement volontairement excessif, devenu une véritable idole de la musique rock, mais aussi intellectuel engagé dans le mouvement du protest song, en particulier contre la guerre du Viêt Nam, attiré par le chamanisme, on lui attribue une réputation de « poète maudit » que sa mort prématurée, à Paris, dans des circonstances mal élucidées, transforme en légende. Le culte que lui vouent ses fans éclipse cependant une œuvre poétique d’une grande richesse que Morrison lui-même a pu considérer comme sa principale activité, au moins à partir de l’été 1968.
Une jeunesse mouvementée
Fils d’un officier de marine, trimballé de ville en ville, Jim est un gamin instable, indiscipliné, qui joue à des jeux étranges. Vers 5 ans, il est marqué par le grave accident dont il est témoin dans la voiture familiale: un camion d’ouvriers indiens accidenté, qu’il voit en sang, éparpillés sur la route, alors que son père s’est arrêté pour les secourir. Il raconte que l’âme de certains a pénétré dans son âme.
Jim se lie peu avec ses camarades de classe et devient presque asocial. Il se désintéresse de la vie familiale, s’évade dans les romans et s’identifie notamment au héros de On The Road (Sur la route) de Jack Kerouac. Il martyrise son petit frère, invente de plus en plus de mensonges, qu’il « teste » sur son entourage, et réagit de manière toujours plus inattendue. Jim réussit cependant remarquablement en classe, dans toutes les matières, et son QI est évalué à 149: il dévore de la poésie, s’intéresse à l’histoire antique, la philosophie…
Beau garçon, charmeur, excellent narrateur… il exerce cependant une certaine fascination sur ses camarades.
A l’université, il étudie avec brio la philosophie de la contestation, la psychologie des foules, l’histoire médiévale européenne avant de changer pour la nouvelle faculté de cinéma de l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA), malgré le refus de ses parents. C’est à ce moment qu’il goûte de plus à plus à l’alcool, fréquente les quartiers chauds, et teste les drogues hallucinogènes comme le LSD (qu’il peut se procurer gratuitement dans le cadre de programmes de recherche universitaires!). La consommation de psychotropes le rapproche de ses idoles poètes (Henri Michaux, Edgar Poe, Aldous Huxley) et des rites chamaniques qui le fascinent.
The Doors
Juillet 1965: Jim, sans emploi, vit sur le toit d’un entrepôt, près de Venice Beach (Los Angeles) et commence à écrire des chansons. Avec Ray Manzarek, lui aussi fraîchement diplômé en cinéma, et qui joue déjà de l’orgue dans un groupe de rock, ils décident de former un groupe. Jim propose The Doors avec cette phrase: « Il y a le connu. Il y a l’inconnu. Et entre les deux, il y a la porte, et c’est ça que je veux être. » (référence aux Portes de la perception de Aldous Huxley, ). Ils sont rejoints par John Densmore, batteur des Psychedelic Rangers, qui fréquente le groupe de méditation transcendantale avec Manzarek, puis par leur guitariste, Robbie Krieger. The Doors enregistre leur première démo.
Quelques mois plus tard, les Doors sont en rodage dans un bar de Los Angeles. Remarqués par la maison de disques Elektra, ils signent un accord pour la production de 6 albums.
Le single Light My Fire fait décoller les ventes du 1er album et un 2e est enregistré dans la foulée. Le groupe enchaine les concerts et Morrison pose déjà dans les magazines. Son physique d’éphèbe, son sourire désarmant, sa coupe de cheveux le transforment en sex-symbol tel un James Dean ou une Marilyn Monroe.
En 1967 Jim Morrison écrit ses chansons les plus opposées à l »engagement des États-Unis dans la guerre du Viêt Nam, notamment Unknown Soldier, sur le 3e album Waiting For The Sun.
Désillusion
Mais il est aussi très déstabilisé par ce succès fulgurant, la notoriété, sa surveillance par les services de police (en raison de ses chansons qui prônent l’amour libre, la drogue, l’alcool, le puritanisme, la révolte contre l’autorité et la guerre…). Poussant la foule à se rebeller, il est interpelé en plein concert en décembre 1967 pour « comportement immoral », « trouble à l’ordre public » et « refus d’obtempérer », sous les yeux de son public qui ne bronche pas. Déçu par le star-system, par son public par l’immobilisme de la société, il devient antisocial, agressif, nerveux, maussade, se réfugie dans l’alcool.
Il se consacre désormais principalement à la poésie. Ses prestations sur scène sont de plus en plus intenses: il réussit à plusieurs reprises à déclencher des émeutes ou au contraire interprète un seul morceau de 45 minutes pour calmer la foule.
Jim se désintéresse de la musique et la tournée 1969 démarre sur un fiasco: Jim arrive en retard et ivre au concert de Miami où il provoque le public, débite des injures et promet de montrer son sexe. Jim est à nouveau condamné et la tournée est annulée. Le 4e album, The Soft Parade, qui sort en juillet, est pourtant disque d’or et un 5e album est déjà en préparation. En 1970, son travail d’écriture est lui aussi récompensé avec la sortie du double recueil, qui reçoit une bonne critique.
La fin
En août 1970 s’ouvre le procès du concert de Miami (il plaide non-coupable)
C’est à ce moment Patricia Kennealy, lui annonce qu’elle est enceinte: il la convaint d’avorter mais se défile au moment d’assister à l’opération qu’elle subit seule. Jim écope de 8 mois et 500$ pour outrage aux bonnes mœurs et exhibition indécente. Sur appel, il est libéré sous caution.
Jimi Hendrix meurt le 18 septembre et Janis Joplin le 4 octobre. Morrison annonce: « Vous êtes en train de boire avec le n°3 ».
Après les concerts de Dallas et la Nouvelle-Orléans en décembre 1970, et l’enregistrement du 6e album L.A. Woman au printemps 1971, Jim quitte Los Angeles pour Paris, où il rejoint Pamela Courson.
Il veut se consacrer à la poésie, réduire sa consommation d’alcool et prendre des vacances: ils visitent la France, l’Espagne, le Maroc, la Corse.
Le 5 juillet, une énième rumeur court sur la mor
t de Jim Morrison. Celle-ci sera la bonne. Il est inhumé 2 jours plus tard à Paris, au cimetière du Père-Lachaise. Les causes de sa mort restent floues, étant donné qu’aucune expertise n’a été réalisée sur son cadavre: crise cardiaque, overdose, suicide?
Les amours
Eté 65: Jim Morrison rencontre Pamela Courson, étudiante en art et fille de militaire comme lui. Ils s’installent ensemble et elle restera sa compagne et l’inspiratrice de certains de ses textes jusqu’à la fin de sa vie, malgré une relation tumultueuse alternant querelles violentes et retrouvailles passionnées. Ensemble, ils expérimentent le LSD, les amphétamines et la mescaline, elle se shoote à l’héroïne et prend pour amant son dealer Jean de Breteuil.
De son côté, Jim rencontre, lors d’une interview en 1969, la journaliste du magazine JazzAndPop Patricia Kennealy, avec qui il vivra une relation amoureuse très intense, allant jusqu’à « l’épouser » secrètement en 1970 au cours d’une cérémonie wicca.
Le style Morrison:
Longs cheveux ondulés, chemises en soie ouverte sur son torse, ceinture western…: Jim Morrison dégage une image de poète romantique, mystique et mystérieux.
Il a également son côté plus sexy et rebelle avec des tenues plus rock’n’roll. Il remet au goût du jour le look des motards: pantalon en cuir ultra-moulant, lunettes d’aviateur, chemises en jean, barbe et boots en cuir noir.
Dans tous les cas, il ne laisse aucune jeune fille indifférente…
Sur scène, il ondule comme un serpent.
D’abord très timide dans son rôle de leader de groupe, il tourne souvent le dos à la salle et chante à voix basse, presque inaudible. Petit à petit, le chanteur gagne en assurance, commence à se déhancher de manière suggestive, apprend à jouer avec le public, à plaisanter. Il ose des cris, saute, chute, dans un style caractéristique rappelant les danses amérindiennes ou la transe chamanique. Il s’appuie sur la musique du groupe, étranges mélodies mêlant divers influences (musique classique, jazz, flamenco, musique indienne), pour ces prestations scéniques, dans une atmosphère à la fois tribale et religieuse.
« Illegitimate son of a Rock n’ Roll star […] Mom met dad in the back of a Rock n’ Roll car » (Maggie M’Gill)